27/01/2016

Mathias Enard, nous sommes tous des...

Avec La Rue des Voleurs, Mathias Enard nous livre une oeuvre rare. Au détour d'une rue du Maghreb, un jeune. Comme les autres. Qui ne croit pas en l'avenir. Et pourtant. Pourtant il avance, il saisit, il rebondit, il fait confiance. Mais à qui ? Et à quoi ? Derrière des visages amis, derrière des proposition d'aide, parfois, la surprenante vérité d'intérêts qui dérangent. Comment glisse-t-on dans "l'autre monde", comment passe-t-on des "gentils" aux "méchants", tout en douceur, sans y prendre garde... Et comment s'en sort-on ? Sans avoir été dans ces pas, l'auteur, subtil, nous y emporte. A lire, sans compter, et jusqu'au bout.

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25/01/2016

Antoine Mouton nous rend fou

Publié cet été aux éditions Christian Bourgois, Le Metteur en Scène Polonais, d'Antoine Mouton, m'a fait de l’œil sur l'étagère d'une librairie. Dans ce livre, un livre. Vivant. Qui rend fou. Celui d'Antoine Mouton aussi, rendrait-il fou ? Magnifique mais coriace mise en abîme, ce roman qui n'en n'a pas l'air nous emporte dans les circonvolutions les plus loufoques d'un esprit - celui du narrateur - en proie à la folie. On embarque avec lui dans une phrase, sans bien savoir qui du livre ou de l’œuf, nous en fera voir la fin. Une page, deux pages plus loin, la phrase s'arrête enfin, hors d'haleine, trébuchant sur les mots. Le lecteur, en passant, s'y perd un peu. Est-ce le but ? Difficile en tous cas rester accroché jusqu'au bout, perdu qu'on est entre les pronoms et les verbes, qui portent parfois à confondre sujet de la phrase et son objet; ardu de suivre cette tombée, plutôt qu'une envolée, vers des abîmes profondes, si profondes, qu'on n'en sait plus bien qui est qui : et eux non plus, d'ailleurs. Mais la chute en vaut le coup, définitivement, et prouve s'il le fallait qu'Antoine Mouton sait bien ce qu'il fait, lui. Alors lisons; mais, chut ! Silence, là, autour. Sinon, je perds ma ligne !

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